Voici une "interview" ( je pense de kathy reichs):
Kathy Reichs fait parler les restes humains «Que faut-il étudier pour devenir ce que vous êtes?», ont demandé en substance au moins deux jeunes auditrices pleines d'admiration, au terme de la conférence de Kathy Reichs, au Centre des sciences de Montréal (CSM), en matinée hier.(lundi 10 janvier 2005)
Cette question à une romancière à succès, rituelle après une rencontre du genre, surprend pourtant. Car n'y a-t-il rien de plus macabre -- bien que nécessaire -- que le premier métier de Mme Reichs, anthropologue judiciaire? La présentation que celle-ci venait de clore l'avait prouvé une fois de plus, avec son étalage cru de détails ultra-morbides. Eh oui, pour déterminer l'identité d'une victime ou pour identifier la cause du décès, «il faut ce qu'il faut», c'est-à-dire: se pencher sur les méthodes de démembrement de corps humains, par exemple -- «selon l'entaille que l'on voit ici, le meurtrier a utilisé une hache» -- ou alors étudier la putréfaction qui envahit un cadavre grâce à la façon dont les mouches et les asticots s'y vautrent, etc. «Le stade de reproduction des insectes dans le cadavre nous donne une bonne indication de l'heure de la mort.»
Et Kathy Reichs, avec un flegme déconcertant, enchaîne sans broncher avec une histoire de dépouille retrouvée dans une fosse septique.
Kathy Reichs est ce que les anglophones appellent un «role model». Une foule de 345 personnes s'était massée dans le cinéma Imax du CSM et avait payé 25 $ pour venir entendre cette auteure à succès traduite dans plus de 20 langues.
Fascination, d'abord, pour ce métier singulier d'anthropologue judiciaire qui entre en action lorsque les autopsies normales n'ont pas donné les résultats satisfaisants. «Depuis le procès d'O.J. Simpson, a-t-elle déjà expliqué dans plusieurs interviews, les gens sont devenus plus passionnés que jamais par les aspects scientifiques des enquêtes.» Nous sommes à l'ère des émissions du type Crime Scene investigation (Les Experts en français), suivies par des millions de téléspectateurs. L'intrigue policière est toujours là (comme dans Colombo et autres Agatha Christie), mais, en plus, on met un accent particulier sur les techniques d'enquête, les méthodes précises, les détails sordides. Et Kathy Reichs n'est jamais à court de détails, puisque c'est son métier. Elle a d'ailleurs conclu récemment avec le réseau américain Fox une entente pour une série télévisée qui s'inspirera de ses activités.
Fascination ensuite, pour une Américaine de 54 ans qui partage son temps entre Montréal, où elle travaille pour le Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale du Québec comme anthropologue judiciaire, et la Caroline du Nord, où elle enseigne au département de sociologie et d'anthropologie de l'université, sise à Charlotte.
Mme Reichs fait d'ailleurs de Montréal, où elle séjourne mensuellement, la toile de fond de plusieurs de ses sept romans aux titres souvent bilingues: Déjà Dead s'inspirait des meurtres de Serge Archambault, accusé en 1994 d'avoir tué plusieurs femmes. «La méthode, très raffinée, que le meurtrier avait choisie pour démembrer les corps indiquait qu'il avait été soit chirurgien, soit boucher, ou alors les deux», badinait Mme Reichs, hier. «Finalement, on a appris qu'Archambault avait été boucher.» Quant à Death du jour, il s'inspire de son expérience dans les autopsies des victimes des suicides du Temple solaire: «Ces gens-là croyaient s'envoler pour Sirius, ce qui est une étrange destination dans la mesure où c'est une étoile et non une planète», lance-t-elle de son humour noir. Enfin, Deadly décision se déroule en pleine guerre des motards à Montréal.
Dans ses histoires, Mme Reichs met en scène Temperance Brennan, son alter ego, une anthropologue judiciaire anciennement alcoolique et divorcée («ce n'est pas tout à fait moi», tient-elle à dire) qui fait ce qu'elle-même ne se permettrait jamais, c'est-à-dire prolonger les enquêtes, insister pour débusquer un meurtrier, prendre des risques. «Contrairement à elle, je ne me suis jamais fait tirer dessus.»
Hyperactive
Autres occupations de Mme Reichs, décidément hyperactive («quand dormez-vous?», lui a à juste titre demandé un participant, hier). En effet, elle enseigne au FBI les méthodes de recherche des restes humains. Et travaille en plus pour la DMORT (Disaster Mortuary Operational Recovery Team), une équipe américaine constituée de pathologistes, d'anthropologues judiciaires et de dentistes qui étudient les restes humains dispersés lors de crashs d'avion, de déraillements de train ou encore qui interviennent «lorsqu'un cimetière est inondé pour déterminer quel cadavre va dans quel 'compartiment'. C'est arrivé notamment en Caroline du nord et en Géorgie».
Comme membre de la DMORT, elle a participé à l'identification de restes humains dans les fosses communes du Rwanda: «Voyez ici une trace de machette», dit-elle en désignant la photo d'un os entaillé. Elle a même témoigné devant le Tribunal pénal institué par l'ONU pour enquêter sur le génocide.
Elle a aussi passé deux semaines dans les débris du World Trade Center pour identifier des restes humains. Ce fut une des «plus difficiles expériences de ma vie, on faisait des quarts de travail de 13 heures», a-t-elle raconté hier. «Il a fallu tout passer au crible pour trouver des restes, a-t-elle raconté au Toronto Star récemment. S'est alors déployée devant nous une tranche d'une journée parfaitement normale, cristallisée dans la catastrophe. Des permis de conduire, des faire-part de mariage avec des adresses incomplètes, des bagels à moitié mangés.»
«Quel genre de rapport à la mort développe-t-on dans le double métier d'anthropologue et d'écrivaine?» À cette question, Kathy Reichs se montre soudainement très réservée, préférant l'esquiver en racontant (dans un français plus qu'acceptable) que «pour faire son travail d'anthropologue, il faut placer un mur entre soi et le cadavre», bref, mettre la mort à distance. Son métier, dit-elle, l'amène à être très consciente des ravages de la violence, non seulement sur la victime, mais sur son entourage. Lui vient alors à l'esprit une grand-mère, au Guatemala: Mme Reichs s'est rendue dans ce pays pour travailler à l'identification de corps lancés dans une fosse commune après un massacre durant la guerre civile. «La grand-mère avait quatre filles et neuf petits-enfants dans cette fosse. Elle venait tous les jours voir si on les avait trouvés.» Mais, selon elle, il faut rester de glace si on veut faire le boulot: «S'il faut pleurer, mieux vaut attendre le soir dans sa chambre.»
Source:
http://www.ledevoir.com/2005/01/10/72270.html Voilà j'espère que vous aurez appris quelques trucs !!